Les héros du peuple sont immortels : LES THUGS
Le mercredi 13 octobre prochain, Patrick Foulhoux viendra nous présenter au Livre en Pente sa biographie de l’un des plus grands groupes de rock hexagonal : « Les Thugs. Radical History ». La soirée se poursuivant à l’Aquarium Ciné-Café avec la projection du documentaire « Come On People ! », également consacré au quatuor angevin. Un double rendez-vous incontournable, que vous soyez ou non adepte de l’hystérie radicale.
Je me souviens très bien de cette première fois. C’était chez eux à Angers. Sûrement la veille d’un tournoi de foot inter-groupes-punks qu’ils organisaient avec quelques gugusses de leur label. À grand renfort de sourires, de poulardes au four et de litres de breuvages qui font que la nuit ne s’arrête jamais. Et de se demander a posteriori si ils n’avaient pas volontairement bien préparé leur coup, de sorte que nous n’ayons plus aucune chance de courir le lendemain sur le terrain ! Mais revenons-en à cette, pour moi mémorable, première fois que j’ai vu les frères Sourice sur scène. « Bonsoir, on s’appelle Les Thugs », 1-2-3-4 et vlan : le mur du son. Les barrières "Vauban" qui volent dès le premier titre. Rythmes frénétiques, guitares qui saignent et hystérie collective. Et puis ces double voix suspendues au dessus de la mêlée, pour insuffler à ce déluge de saturation brute de pomme, une incroyable légèreté. Quel concert les amis ! Et comme dirait la maxime, il y a bien « les groupes que l’on regarde et ceux que l’on prend dans la gueule ». Je m’en souviens comme si c’était hier, idem quant à la bonne trentaine de fois qui a suivi ! Que ce soit scotché au plafond au sein du public, tétanisé devant un pied de micro en première partie avec Haine Brigade (Wolnitza, MJC d’Oullins) voire même totalement radieux backstage en tant que co-organisateur de certains de leurs concerts. Avec Silly Hornets (au Transbordeur) puis avec Under a Big Black Sun au Rail Théâtre, lors du « No Reform Tour » en 2008, qui les conduirait jusqu’à Seattle fêter les 20 ans de Sub Pop. Label pour lequel ils furent le seul et unique groupe français à signer.
« Hello we come from planet Mars, to visit your highway services ». (Suspended Time).
Je m’en souviens mais disons qu’il fallait être là. Ne serait-ce pour écouter la plus belle reprise de tous les temps : Moon Over Marin, enfantée par Les Dead Kennedys et satellisée par les Thugs. Vous pensez que je grossie le trait ? Que j’amplifie le phénomène ? Peut-être mais je ne suis pas le seul. Mon ami Cyrille Bonin les qualifiant même sans la moindre hésitation de « meilleur groupe de rock & roll au monde ». Probablement qu’il exagère un peu lui aussi mais pas tant que ça. Et avant tout parce que Les Thugs nous ont toujours bluffé par leur coté "zéro faute de goût". La brutalité animale sur les planches et la douceur angevine en dehors. Jamais un mot au dessus de l’autre ni une parole en l’air. Des gars simplement attentionnés et pas stars pour un sou, mais déterminés. Comme en témoignent leurs textes à la radicalité non feinte et leur lithographie magnifique, toujours en noir & blanc & rouge.
« Je déteste les groupes qui parlent trop ou qui scandent « faîtes du bruit ». Je trouvais (également) que les américains prenaient quinze plombes à raconter des conneries entre les morceaux. Ça fait retomber toute la tension du concert. On avait suffisamment de choses à dire avec nos morceaux, il n’était nul besoin d’en rajouter. Ça ne nous empêchait pas de l’ouvrir de temps en temps, contre le Front National par exemple. Mais on ne faisait pas de long discours. On ne racontait pas de bêtises : on avait une haine et une violence à exprimer, on n’avait pas envie de rire. Je crois que tout le monde s’en est aperçu, et certains nous trouvaient trop sérieux. Je peux comprendre. On n’était pas dans le rock festif, ça c’est sûr ». Éric Sourice (Chanteur). Extrait de Radical History.
Que vous soyez fanatique comme je suis ou simplement curieux comme j’imagine que vous l’êtes, je vous invite ainsi à vous pencher sur la trajectoire de ce groupe sans pareil. Et pour ce faire, je ne saurais trop vous recommander la remarquable (et très documentée) biographie de Patrick « Tad » Foulhoux. Je vous invite également à venir discuter avec lui et quelques autres au Livre en Pente à 18h puis à l’Aquarium Ciné-Café dès 20h en ce mercredi 13 octobre.
En sus de la projection de ce flamboyant documentaire qu’est Come On People ! , il sera question d’appréhender « ce qui était, plus qu’une stratégie de survie, une authentique déclaration de résistance et un projet de vie » comme aime à le rappeler Virginie Despentes dans sa préface du livre de Tad.
Never give up the light, never give up the fight… Honnêtement, vous connaissez meilleur programme ?
Laurent Zine