"Ça me rappelle mes débuts avec Sonic Youth quand on était ouvert à tout. On essayait n'importe quelle idée qui nous passait par la tête pendant nos répétitions. On dit toujours qu'il n'y a pas de mauvaise note, et c'est encore plus vrai ici que dans tout autre groupe." Lee Ranaldo
Il y a encore quelques années, parler de musique et handicap évoquait l'image d'un atelier djembé ou d'une chorale de comptines désespérées. Aujourd'hui, ce sont des visions d'un autre ordre qui nous viennent avec le souvenir de soirées explosives dont on sort lessivé mais joyeux comme jamais. Et si l'image de la kermesse de fin d'année a laissé place à celle de cabaret punk halluciné, c'est que ces derniers temps, des corps inattendus se sont invités sous les projecteurs. Des corps qu'ailleurs on aurait dit abîmés, et qui se sont emparé des espaces auxquels jusque-là on ne leur donnait pas accès.
Il aura fallu quelques figures de proue pour faire tomber les résistances et le Wild Classical Music Ensemble en fait partie. Il y avait eu les expérimentations absurdes et saturées de Reynols en Argentine avec son inénarrable batteur-chanteur-leader trisomique Miguel Tomasin dans les années 90 ou le punk hyper-squelettique finlandais de PKN qui les mena jusqu'à représenter leur pays à l'Eurovision, mais près d'ici, c'est le Wild Classical Music Ensemble qui a, le premier, mis les pieds bots dans le plat des musiques nouvelles et curieuses de Belgique, de l'Hexagone et de toute l'Europe.
Connu comme chanteur-guitariste et cofondateur du groupe mythique Sonic Youth, Lee Ranaldo n'a jamais cessé de creuser le manche de sa guitare dans des expérimentations les plus diverses, en solo ou dans des rencontres. On ne s'étonne pas - même si l'on s'en réjouit - de le voir frotter ses accordages si personnels avec la petite bande des Belges.
Pendant deux jours, autour des sculptures géantes du plasticien, le magistral guitariste de Sonic Youth et les membres du Wild ont improvisé non-stop et sans filet. Cette rencontre a été filmée et est devenue une pièce d'art vidéo appelée "HELL GATE", exposée au musée du Dr Guislain à Gand. De toutes ses heures d'enregistrement le Wild Classical Music Ensemble et Lee Ranaldo en tireront le disque "HELL GATE" qui porte si bien son nom.
L'aventure reprend en 2023, avec la sortie du disque en vinyle et en CD chez La Belle Brute et l'équipée sauvage se retrouvera sur scène au printemps pour une tournée de plusieurs dates en Belgique et en France, dont Lyon au Marché Gare.