La musicienne lyonnaise Wendy Martinez arpente les salles obscures de la région et du pays depuis de nombreuses années, que soit avec ses premiers projets comme Bye Bye Dubaï ou avec son girl-group psyché Gloria, dont le troisième album est en préparation. Accompagnée de ses musicien.nes, elle présente son nouveau disque le vendredi 31 mars sur la scène du Marché Gare.
En attendant, on vous propose de faire plus ample connaissance avec Wendy, qui nous parle de cet album, de son dernier clip et de rétrofuturisme.
Tu décris ton style comme pop rétro-futuriste, c’est quelque chose qui te suit depuis tes débuts ?
Depuis 2019 je travaille mes compositions personnelles avec des textes en français plutôt surréalistes. J’ai toujours aimé les thèmes futuristes, comme le métavers et les mondes virtuels, mais j’avais envie de les traiter de manière rétro. J’avais envie d’arrangements batterie-basse très gainsbourdiens, d’orchestre, et de beaucoup de chœurs. Sur ce nouveau disque y a donc un côté rétro, 60’s et 70’s, essentiellement dans la musique, mais aussi cet aspect futuriste dans les textes. Je suis impatiente de sortir ce nouvel album qu’on va présenter au Marché Gare vendredi et qui sort chez Belka / Le Pop Club records.
Tu peux nous en dire plus sur cette release party ?
Je ne veux pas tout dévoiler, mais il y aura sur scène avec moi des gens qui ont participé à l’enregistrement. Dans l’album il y a beaucoup d’arrangements 60’s, des cordes, des cuivres, des chœurs très célestes à la Léo Ferré. Il y aura à mes côtés les deux autres chanteuses de Gloria, Amy Winterbotham et Marie Louise Bourgeois, et Kid Victrola, qui va jouer du saz et de la guitare 12 cordes. J’ai aussi la chance d’avoir rencontré et enregistré des joueurs de hautbois et de basson, instruments que j’ai utilisés virtuellement pour la composition, et ils joueront mes arrangements sur scène. Ça va être une belle fête avec plein d’ami.es issu.es de la scène lyonnaise et on est très heureux que ça se fasse au Marché Gare !
Quel est ton rapport avec la salle ?
J’ai des souvenirs assez anciens au Marché Gare : j’y ai joué en 2010 avec un projet chanson barré pour les Zic Zacs, l’ancêtre du Labo du Conservatoire, puis 4 ans plus tard en première partie de Prohom sous le nom de Bye-Bye Dubaï. J’ai hâte de découvrir votre nouvelle salle ; je trouve que pour une SMAC, elle a su garder ce côté proche du public, presque intimiste. En plus cette soirée est co-organisée par l’Epicerie Moderne, autre salle que j’aime beaucoup et dans laquelle j’ai été en résidence pour préparer cette date. Je vais d’ailleurs y retourner pour bosser ce nouveau répertoire en duo et en solo.
Tu nous en dis plus sur cet album ?
J’avais en première idée de faire quelque chose d’épuré mais rapidement j’ai eu envie d’orchestrations. J’ai beaucoup écouté Andrea Laszlo De Simone, ça m’a inspirée, en plus des Ferré, des Gainsbourg qui restent des références pour leurs superbes arrangements. Pour les textes, je suis allé vers des choses plus personnelles, même si je garde ce côté cryptique et surréaliste. Je parle de mon passé, de ma place dans ce monde, je me suis livrée plus que d’habitude. L’album garde un côté assez brut néanmoins, on a enregistré en un temps record au studio Chien Bleu, ça se ressent dans l’ambiance du disque. Et puis il y a un côté plus soul je trouve.
"Rivages du monde flottant" c’est son nom.
Oui, c’est un hommage à l’expression "images du monde flottant" qui évoque des estampes japonaises. Le monde flottant est un terme bouddhique très beau, conseillant de se raccrocher aux petites beautés de la vie, comme les fleurs de cerisiers ou le passage d’un nuage, car les choses du monde sont éphémères. J’ai rajouté "rivages" avec l’idée d’accoster dans ce concept philosophique qui m’inspire.
Le premier extrait de l'album est le titre "Aux femmes fortes" et son magnifique clip.
Après avoir écouté une émission de France Culture sur des pionnières de la danse, j’ai eu envie de rendre hommage à trois femmes qui ont participé au développement de la danse et à la libération du corps féminin dans la danse moderne. Au début du siècle dernier, Isadora Duncan a été l’une des premières à délaisser les pointes et le tutu pour développer des danses libres en toge ; Martha Graham a créé un mouvement de danse assez pointu sur le corps ; et enfin Mary Wigman a été reconnue pour sa ‘danse de la sorcière’ dans les années 30. J’ai réalisé le clip avec Matthieu Thouvard, à base d’images tournées avec une pellicule 16mm. J’ai invité trois artistes lyonnaises pour cette adaptation très personnelle : la danseuse contemporaine Claudina Duarte, la danseuse Kathak Rafia Bon et la danseuse de butō Yoko Higashi. A travers ce clip, je voulais rendre hommage à toutes les femmes fortes, puissantes qui m’inspirent au quotidien.
Pour terminer, tu peux nous dire ce qui tourne en ce moment sur ta platine (ou ton téléphone) ?
En ce moment j'écoute Andrea Laszlo de Simone que j'ai découvert l'an dernier à la radio avec son EP "Immensità". Ses albums cosmiques au son très 60's, magnifiquement orchestrés, ont été une grande source d'inspiration pour mon album.
Angel Olsen aussi m'a beaucoup inspirée, avec sa voix très brute, très libre. J'écoute souvent ses chansons aux arrangements qui me donnent des frissons, comme ici dans "Woman".
Dans mes incontournables depuis des années, il y a Nina Simone, dont cette reprise d'Aznavour, "Tomorrow is my turn" qui me touche beaucoup. Le texte original est totalement changé, invite à prendre sa place, son pouvoir, à saisir sa chance.
Et récemment j'ai réécouté cette chanson d'Alice Coltrane, méditative, qui me détend et m'inspire quand je dessine le clip d'animation qu'on prépare en ce moment avec Scalpel Productions.