Publié le 14.03.2025

ALTWAIN

"Il y a une vraie alchimie de groupe"
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C'est dans la chaleur de l'été 2022 que le groupe lyonnais Altwain s'est formé autour d'Allan, chanteur guitariste des prometteurs et regrettés JP Goulag. Le leader du jeune quator d'avant-pop garage s'est prêté au jeu de l'interview avant de performer au Marché Gare en première partie de Chalk, mardi 18 mars. 

Ce groupe Altwain est un projet récent. Comment s’est-il construit ?
Allan : Ça s'est construit assez rapidement et dans une énergie un peu désespérée. En été 2022, j'étais en vacances chez moi, dans mon 20m², coincé à cause du COVID, sans rien à faire. En même temps, mon ancien groupe était en train de se dissoudre, donc j'avais vraiment envie de faire de la musique. Il me restait une semaine à tuer, alors je me suis dit : « J'ai 6 jours, j'enregistre 6 morceaux. » Et le premier EP était là, enregistré avec ce que j'avais sous la main, inspiré par des groupes lo-fi comme Guided by Voices, Daniel Johnston, ou encore le tout premier EP de Fontanarosa. Mais je ne savais pas trop quoi faire de ça, je n'étais pas sûr de mon coup. J'en ai parlé à quelques proches, dont Bastien, le bassiste de Johnnie Carwash, ou encore Théo, le claviériste de Luje, qui m'ont dit : « C'est pas mal, tu devrais en faire quelque chose. ».

À partir de là, je me suis dit : « Allez, je vais sortir ça et trouver un groupe pour le jouer. ». Avec Romain d'Ulysse Von Ecstasy, un ami du conservatoire, on voulait déjà jouer ensemble depuis longtemps. Ça faisait un moment qu'il n'avait pas joué de la batterie dans un projet musical, alors je lui ai demandé de jouer mes morceaux. La deuxième recrue était Chloé de Caïman à la guitare. Je ne la connaissais pas, mais Ugo Del Rosso m'avait vivement conseillé de la contacter. C'est elle qui, par la suite, a amené Sabrina d'Irnini Mons dans Altwain, car elles commençaient à traîner ensemble et voulaient jouer de la musique.

Très vite, on a commencé à répéter et à faire des concerts. Le premier, au Sonic avec Eggs, a marqué le début de l'alchimie.
 

Justement, vous jouez/avez joué tous les quatre dans d’autres groupes avec des esthétiques différentes. Dans quelle mesure vos expériences personnelles dans ces groupes sont-elles bénéfiques pour Altwain ?
Allan : Cela nous apporte beaucoup d'efficacité. Il y a une vraie alchimie de groupe où tout le monde a pris ses marques assez rapidement. En quelques répétitions, tout le monde avait appris ses parties et trouvé sa place, nous étions prêts pour les concerts. Il y a beaucoup d'expérience dans le groupe, donc pas mal d'exigence, ce qui amène à beaucoup de questions... et de réponses ! Moi qui suis un peu laxiste sur l'aspect sonore, ça a été une belle remise en question. C'est peut-être notre plus gros travail, surtout le mien, car j'adore le lo-fi, et m'en extirper, c'est comme une mue de serpent.

C'est peut-être ça le plus grand changement que ces musicien.nes ont apporté : la simplicité et la finesse dans l'aspect sonore.

Quant aux arrangements vocaux, j'écris toutes les parties des chansons d'Altwain, sauf les chœurs, car pour moi, il est impossible de rivaliser sur ce terrain-là. Mais ces personnes me font apprendre à chaque fois. Être avec Chloé, Sab et Romain, c'est comme un stage pro de 3e pour moi.

 

Y’a-t-il des morceaux qui arrivent dans les prochaines semaines/mois ?
Allan : Oui, il y a un clip avec une nouvelle chanson originale qui va sortir pour le concert. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas sorti quelque chose, donc j’ai hâte de montrer ce clip, inspiré de mes souvenirs d'insomnies où je regardais, tard le soir, des films d’auteurs soviétiques sur Arte. Puis, un EP est prévu pour la fin de l’été, suivi d’une tournée à l’automne.

Ce lundi 17 mars vous êtes en résidence au Marché Gare juste avant d'y jouer le mardi 18 mars. Est-ce que tu as un souvenir en particulier avec cette salle ?
Allan : Oui, j’ai quelques souvenirs. Je me souviens de l’un de mes premiers concerts quand je suis arrivé à Lyon. C’était chez vous, et c’était Night Beats. Je me rappelle que le batteur jouait parfois sa cymbale ride par en-dessous au lieu de par-dessus, comme d’habitude. Je me suis dit : « À Lyon, au Marché Gare, ils font jouer vraiment des iconoclastes, et ça, c’est beau ! »

Je me souviens aussi de Wand, qui avait joué pour le circuit Nuits Sonores au Marché Gare. Il y avait un groupe de gars bourrés déguisés avec le « starter pack » de la Saint-Patrick, et ils voulaient que Wand joue du Sardou. Le chanteur de Wand ne comprenait pas « Sardou », mais « Sardine » (probablement parce qu’il ne connaissait pas ce chanteur populaire de la variété française). Un moment très atypique, digne de Black Mirror, si j'avais été à la place de Cory Hanson.

D’autres souvenirs moins « ténébreux »… Beaucoup de concerts de mes amis, comme Johnnie Carwash, Claire Day’s, Fontanarosa, Irnini Mons, et d’autres… Désolé si j'en oublie. Et enfin, le plus beau, c’est Andy Shauf, qui jouait avec un trio à cordes. Moins iconoclaste, mais tout de même superbe.

 

Vous jouez en première partie de Chalk. Tu connaissais le groupe ?
Allan : Absolument pas ! Mais j'ai hâte de les rencontrer et de les voir en concert. À chaque fois que j'en parle autour de moi, on me dit que c’est génial, donc j’ai hâte de découvrir.

Les 3 morceaux qui tournent en boucle sur ta platine en ce moment ?
Allan : C’est une question difficile, car j’ai besoin d'écouter des milliers de trucs hyper différents. Par exemple :
- J’écoute pas mal Oklou, que j'ai vue à La Cigale il y a quelques semaines.
- Beaucoup de jazz, surtout la dernière live session au Mont Fuji de Yussef Dayes.
- Les dernières sorties de Claire Days, j’ai trop hâte d’écouter son album.
- Un peu de rock avec les compils de Joe Meek, un producteur et ingénieur du son, et le dernier album de MJ Lenderman, qui est, à mon avis, le meilleur album de 2024.
- Du raï avec Cheb Hasni, du blues berbère avec Mariam Hassan, et plein d’autres trucs.

Mais en ce moment, j’écoute beaucoup Prince. Je l'ai toujours aimé, mais j’écoute aussi « Violet », un podcast français par des fans/geeks de Prince, qui explore son immense discographie. Grâce à ce podcast, j'en apprends beaucoup sur la mégalomanie et un peu sur la musique en général.

Voici ma sélection :